<p>Rhinocéros est la pièce la plus riche de Ionesco. Elle ne perd rien de l&#8217;esprit d&#8217;innovation, de provocation, des premières pièces. Comme elles, celle-ci mélange les genres et les tons, le comique et le tragique. Mais l&#8217;innovation principale qui s&#8217;introduit ici est la réflexion sur l&#8217;Histoire, à travers le mythe. La pièce est une condamnation de toute dictature (en 1958, on pense au stalinisme). Ionesco condamne autant le fascisme que le communisme. C&#8217;est donc une pièce engagée : &#8220;Je ne capitule pas&#8221; , s&#8217;écrie le héros. Le rhinocéros incarne le fanatisme qui &#8220;défigure les gens, les déshumanise&#8221; . On sent l&#8217;influence de La Métamorphose de Kafka. Dans une petite ville, un rhinocéros fait irruption. Par rapport à lui, les personnages prennent diverses attitudes. Certains se transforment en rhinocéros ; un troupeau défile. Seul Bérenger résiste à la marée des bêtes féroces, symboles du totalitarisme. &#8220;Ce sont eux qui sont beaux. J&#8217;ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n&#8217;ai pas de corne, hélas ! Que c&#8217;est laid, un front plat. Il m&#8217;en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n&#8217;aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendrontelles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J&#8217;ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d&#8217;un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur !&#8221; roman|rhinocéros|lonesco|9782070368167</p>