<p>Dans Le Sursaut, j&#8217;ai raconté le redressement gaulliste de 1958, et dans La Belle Epoque, la gestion de &#8220;mère de famille&#8221; des années Pompidou et Giscard. C&#8217;était un autre siècle. Mais les décennies suivantes, que j&#8217;essaie de faire revivre ici, celles de Mitterrand, Chirac, même Sarkozy et Hollande, nous paraissent elles aussi lointaines, avec leurs promesses et leurs ombres : bicentenaire de la Révolution, chute du Mur, 11 Septembre, irruption des &#8220;lieux de mémoire&#8221; et éclatement concomitant de notre roman national&#8230; Mitterrand prétendait &#8220;changer la vie&#8221; en 1981. Onéreuse illusion. La présidence Chirac s&#8217;est enrayée sitôt commencée, marquée pourtant par quelques décisions mémorables. Le repli s&#8217;est poursuivi, bon an mal an, sous leurs successeurs, qui n&#8217;ont pas toujours démérité. La France n&#8217;a certes pas encore touché le fond, mais elle s&#8217;est laissée aller, au point de ne plus maîtriser ni ses comptes publics ni ses flux migratoires. Sans oublier le délitement de l&#8217;autorité qui ronge nos âmes, notre industrie qui se défait, comme notre moral, et la juxtaposition des ghettos communautaires sous l&#8217;égide du &#8220;vivre-ensemble&#8221; . Ce qui n&#8217;empêche ni les plaisirs, ni les rires, ni les joies, ni les chansons de Véronique Sanson et de Francis Cabrel qui égaient notre vie, ni la nostalgie de ceux qui nous ont quittés sans jamais partir &#8211; Aragon, Barbara, Johnny Hallyday, Belmondo&#8230; Puisant dans mes carnets et le Journal que j&#8217;ai tenu pendant des années, j&#8217;ai voulu raconter comme je l&#8217;avais vécu ce temps de faux espoirs et de vraies ruptures, dans un va-etvient entre nos perceptions d&#8217;alors et notre regard d&#8217;aujourd&#8217;hui. Avec la conviction qu&#8217;il n&#8217;y a jamais de fatalité en histoire. F. -O. G.</p>