<p>Dans la littérature occidentale, les histoires d&#8217;amour finissent mal, c&#8217;est un fait connu&#8230; Tel est bien l&#8217;argument de cette pièce majeure d&#8217;amour et de mort, l&#8217;une des plus célèbres de Shakespeare. Dans une atmosphère de guerre civile, de luttes de clans, de haines ancestrales entre familles, seul l&#8217;amour-passion entre deux jeunes gens que tout oppose peut conduire la société, mais trop tard, à reconsidérer rancœurs et préjugés, c&#8217;est-à-dire à laver le sang et l&#8217;injure par les larmes. En effet, il n&#8217;aura pas fallu moins d&#8217;un double suicide pour qu&#8217;enfin la vérité soit révélée, et les valeurs sociales dominantes mises en cause. Au-delà du destin tragique des personnages, Shakespeare exploite un arsenal d&#8217;épisodes que l&#8217;on qualifierait aujourd&#8217;hui de &#8221; gothiques &#8221; : meurtres, duels, projets d&#8217;enlèvement, fausse mort, empoisonnements, profanation de tombeaux&#8230; C&#8217;est sans doute ce qui a conduit le classicisme français à ignorer ce théâtre considéré comme de mauvais goût, mais aussi, et pour cette raison même, le romantisme à y voir le parfait modèle du mélange des genres, où le grotesque voisine avec le sublime. Profondément ancrée dans le contexte sociopolitique de son temps, la pièce a pourtant su s&#8217;imposer comme symbole de l&#8217;amour impossible et inspirer durablement tous les champs de la création. Elle est présentée ici dans une version abrégée permettant de la jouer en classe.</p>