<p>Fidèle à la politique d&#8217;Auguste, Germanicus, général de l&#8217;armée romaine, consul et poète, incarne les vertus civilisatrices de Rome. Mais il est à peine au faîte de la gloire que Pison, gouverneur de Syrie, le fait empoisonner. &#8220;Rome n&#8217;est plus dans Rome.&#8221; Un demi-siècle de tyrannie va s&#8217;abattre sur un empire que la chrétienté déjà fait vaciller. Voilà pour l&#8217;Histoire. Et maintenant, carte blanche à la fiction : Germanicus, d&#8217;outre-tombe, tient son journal, témoin effaré, des égarements de sa parentèle : Tibère, le cynique ; Caligula, l&#8217;enfant-soldat ; Claude, son oncle, le savant épileptique rendu fou par ses passions pour Messaline et Agrippine ; Néron, le cabot, l&#8217;incendiaire. Monologues, lettres, confessions, scènes de rues où s&#8217;expriment Ovide, la foule des esclaves, les comploteurs, Sénèque à l&#8217;agonie, les impératrices diaboliques, voici la dynastie julio-claudienne, en son vertigineux dérèglement. &#8221; Avant de rencontrer Germanicus, j&#8217;ignorais qu&#8217;on pouvait s&#8217;attaquer à un personnage deux fois millénaire. Estimé de Tacite, de Suétone, des hommes de son temps, ce Romain au triomphe plus discret que celui de sa descendance &#8211; je pense ici à son troisième fils Caligula, à sa fille aînée Agrippine, enfin à son petit-fils Néron &#8211; m&#8217;a engagée à son service le temps de parcourir l&#8217;Empire de la naissance à la disparition de sa maison, c&#8217;est-à-dire de -15 à +68, date de la mort de Néron, dernier de la lignée. &#8221; Jeanne Champion joue sans complaisance de la rhétorique latine, images et rythmes, mêle l&#8217;érudition à l&#8217;intuition, les faits à la fiction, et redonne vie à un pan prodigieux de notre histoire. Prêtant magistralement sa voie à Ovide, à la foule des esclaves, aux comploteurs, aux impératrices diaboliques, elle éclaire d&#8217;un jour nouveau le roman vrai de ce premier siècle.</p>