<p>Lumière rouge. Bassins. Agrandisseur. Photos qui sèchent sur un fil&#8230; Dans la pièce où son frère développait ses photos avant la guerre, Gabrielle Osterlin regarde apparaître des visages de femmes et d&#8217;enfants, de corps dénudés face à des fusils et des fosses au milieu de nulle part. La réalité de la barbarie nazie jaillit du passé sur le papier photo, appuyée par la force d&#8217;un récit minutieux qui ne laisse aucune place au doute. Pour Gabrielle, Luther et Casmir, la guerre prend alors un sens dont peu de gens, à l&#8217;Ouest, avaient pris conscience. Et pour cause&#8230; La directive 1005 émanant du Reichsführer Himmler en personne exigeait que toute trace des massacres perpétrés à l&#8217;encontre des Juifs sur le front de l&#8217;Est soit impitoyablement traquée et effacée. Personne ne devait savoir&#8230; Sur le terrain, Himmler faillit réussir. Dans les mémoires, il en allait tout autrement. Egon Kellerman et Jakob Osterlin, pauvres &#8221; malgré nous &#8221; enrôlés de force au début de la guerre, font partie de ces mémoires en fuite. Malheureusement, la connaissance a un prix. Dans le village de Gabrielle, le commando SS a fini par apprendre l&#8217;existence de cette dernière. La chasse est lancée. Elle ne pourra se terminer que par la mort de ceux qui savent. Le destin, là encore, va choisir ses victimes. Demain sera sans nous, certes, mais à partir de quand ? C&#8217;est aujourd&#8217;hui que tout se joue. Si la parole peut survivre à la mort, alors demain pourra parler à jamais.</p>