<p>&#8221; Chaminadour, c&#8217;est la vie spectrale et irradiée, il y a cent ans, d&#8217;une grise petite ville peuplée d&#8217;artisans, de fonctionnaires et de ruraux. Chaminadour est un &#8220;arbre de visages&#8221;. Un bouquet d&#8217;âmes pures, un roncier d&#8217;âmes damnées, un foisonnement de faits et gestes cocasses ou tragiques, éclatants, infâmes, arrachés au secret. &#8220;J&#8217;ai besoin des passions, des mains jaunes, des cœurs rouges de Chaminadour&#8221;, disait magnifiquement René Crevel. Nous en avons plus que jamais besoin, nous qui, en une époque morose, déprimée, désenchantée, demandons à la littérature non pas de nous divertir mais de nous délivrer des pesanteurs sociales, de nous rendre la mémoire des siècles, de nous donner la pleine mesure de l&#8217;homme sans le discours humaniste, affadi ou psychologisant, et de nous émerveiller dans le pire. &#8221; Richard Millet, &#8221; Une figure de l&#8217;enfer&#8221;, préface. Tous mes recueils de Contes, même ceux qui n&#8217;en portent pas le nom, nous découvrent Chaminadour, en y comprenant Les Térébinthe, Tite-leLong, Le Saladier, jusqu&#8217;à L&#8217;Arbre de visages. Presque tous, quelques-uns plus particulièrement, composent une suite à La Jeunesse de Théophile. &#8221; Marcel Jouhandeau, Essai surmoi-même,1941. Ce volume regroupe pour la première fois la quasi-totalité du cycle consacré par Jouhandeau à Guéret, la ville de son enfance, rebaptisée Chaminadour, et à ses habitants&#8230;</p>