<p>«Le tour de l&#8217;île : vingt-quatre pas. Six du nord au sud et d&#8217;est en ouest, depuis la porte d&#8217;entrée jusqu&#8217;à la fenêtre. Les cloisons de planches, la cheminée de marbre et, comme un lac suspendu, le grand miroir &#8211; la géographie de la chambre, ses rivages, ses déserts, sa faune, j&#8217;en sais tout. Mais le décor, cet étrange décor, acajou et pavé, brocart et chaises dépaillées, qui l&#8217;a composé ? Qui, surtout, a donné l&#8217;ordre de condamner les portes, puis la fenêtre, la cheminée, de poser des serrures, des verrous, je l&#8217;ignore&#8230; Et l&#8217;enfant ? Lorsqu&#8217;on a détaché sa chambre du continent, pourquoi n&#8217;a-t-il pas crié ? Pourquoi s&#8217;est-il laissé couler ?À l&#8217;origine du crime, qu&#8217;y avait-il ?Quand la foi soulève des montagnes, elle écrase des enfants. Est-ce la foi qu&#8217;on trouve au commencement de cette histoire ? Ou bien la peur, la bêtise, le hasard ? Qu&#8217;y avait-il &#8220;au commencement&#8221; ?» La force de la biographie savamment romancée de Françoise Chandernagor est de nous faire sans cesse décoller du &#8220;cas Louis XVII&#8221; pour nous plonger dans le scandale de toutes les enfances sacrifiées. De toute éternité&#8230; &#8220;En entreprenant ce roman, je voulais parler du mal et parler des chambres : nos murs, nos haines, nos solitudes, nos tombeaux&#8221;. Françoise Chandernagor.</p>