<p>En s&#8217;inspirant de l&#8217;histoire véridique, mais peu connue en France, du projet de mariage entre Napoléon Ier et la grande-duchesse Anna Pavlovna, soeur cadette du tsar Alexandre Ier, Henri Troyat a imaginé les naïves espérances, mêlées de crainte, de la jeune princesse, à l&#8217;idée de son hymen avec un foudre de guerre dont le seul nom terrorisait l&#8217;Europe. Tout en sachant qu&#8217;elle n&#8217;est, sans doute, qu&#8217;un pion sur l&#8217;échiquier politique, elle se surprend à rêver que l&#8217;Ogre corse l&#8217;a choisie à cause des propos flatteurs qu&#8217;on tient à son sujet dans les différentes chancelleries, qu&#8217;elle finira peut-être par le séduire, par lui ôter des mains l&#8217;horrible glaive dont il est si fier et que, grâce à elle, la Russie sera épargnée&#8230; Rien ne désarme plus sûrement un sabreur que de lui passer la bague au doigt, se dit-elle. C&#8217;est le cheminement de cette folle illusion que l&#8217;auteur évoque avec une tendre ironie, à travers le journal apocryphe de la jeune fille. A chaque page de cette confession, le lecteur songe irrésistiblement aux haines qui auraient été évitées et aux vies qui auraient été épargnées, si l&#8217;union entre l&#8217;empereur français et la grande-duchesse russe avait abouti contre vents et marées.</p>